Analyse de Risques & 4D
Complémentarité nécessaire dans les projets de Construction & Assemblage
INTRODUCTION
S’attacher à identifier et
traiter méthodiquement les risques relatifs aux activités d’un projet vise à
réduire la probabilité d’échec ou les incertitudes de succès.
Des études [1] précisent que la
spécificité des projets de construction porte essentiellement sur les
dépassements de budgets et notamment sur leur caractère exponentiel en fonction
de la complexité des ouvrages.
Sur une période de 14 années
et sur un total de 1178 projets (de 1974
à 1988), 63% des projets ont connu une augmentation d’au moins 35% à 45% de
leurs coûts. Par ailleurs quelques accidents survenus sur les projets
(effondrement d’ouvrages) ont conduit les pouvoirs publics à se positionner sur
l’appréhension des risques depuis 2009.
GESTION STRATÉGIQUE DU RISQUE
La gestion stratégique du
risque dans le domaine de la construction propose un éventail de comportements
passant par la prévention, l’acceptation du risque, sa réduction et
éventuellement son transfert. Pour chacune des typologies de traitement du
risque, le gestionnaire du projet adopte une attitude liée à la situation
rencontrée.
On parle de
« prévention » en cas de risque immédiat et lorsque le danger peut se
révéler dramatique. L’ « acceptation » repose sur une analyse préalable
mettant en évidence les dommages exposés en cas de réalisation du risque. Dès
lors, si une fois mesuré, la gravité est minime (bien que le risque zéro n’existe pas) le risque est accepté.
La « réduction » du
risque porte sur le fait que, comme le risque est inhérent à l’activité, des contremesures
sont mises en place pour l’atténuer et/ou en réduire la portée.
Dans le domaine opérationnel
de la construction, le « transfert de risques », vise à sous-traiter,
co-traiter et/ou externaliser des activités. Une étude coût/risques permet de
démontrer l’intérêt de recourir au transfert de risques du fait de la
spécialisation des intervenants (plus
rapide et moins chers).
LA DÉCOMPOSITION DES FACTEURS DE RISQUES
Dans le cadre de la
construction, la décomposition des facteurs de risques repose sur leur origine
interne et externe au projet.
Les facteurs de risques
externes portent sur l’ensemble des éléments impactant le projet sans en être
une composante (économie mondiale et/ou locale – nationale, politique, cadre
législatif et évènements naturels climat).
Les facteurs de risques
internes sont attachés au projet. Ils sont regroupés en fonction des acteurs et
des activités du projet.
Voici un exemple[2]:
La décomposition matricielle
risque/tâches permet de faciliter une vision dynamique des phases du projet.
Le projet GERMA[3] dresse un registre des
risques actualisé dans le domaine de la construction.
ANALYSE DES RISQUES
L’analyse des risques repose
sur différents types de méthode dont en
voici une liste non exhaustive :
Brainstorming
Entretiens
structurés ou semi structurés
Techniques
Delphi
Listes
de contrôle
Analyse
préliminaire du danger
Etudes
de danger et d’exploitabilité (HAZOP)
HACCP (Hazard Anal and Critical Control
Points)
SWIFT
Analyse de scénario
Analyse d’impact sur l’activité
Analyse de causes profondes
Analyse des modes de défaillance et de leurs
effets
Analyse par arbre de panne
Analyse par arbre d’évènements
Analyse causes-conséquences
Analyse des causes et de leurs effets
Analyse des niveaux de protection (LOPA)
Arbre de décision (à critère unique)
Analyse « nœud de papillon »
Analyse des conditions insidieuses (analyse transitoire)
Analyse de Markov
Simulation
de Monte-Carlo
Analyse bayésienne/réseaux de Bayes
Matrice conséquence/probabilité
Analyse coût/bénéfice
Analyse de décisions à critères
multiples
Parmi toutes ces méthodes, il
est intéressant de se pencher sur l’analyse probabiliste de Monte Carlo.
Associée à une distribution de
résultats triangulaire fondée sur le minimum, le plus probable et le maximum en
matière de délai et/ou de coûts, cette technique d’analyse génère un très grand
nombre de variables aléatoires Elle
permet de déterminer la valeur attendue des risques en fonction des données des
processus précédents. Elle offre aussi la possibilité de définir différents
indicateurs permettant de mieux qualifier les activités à réaliser (analyse de
sensibilité, indice de criticité, corrélation d’événements…)
Cette méthode donne un type de
résultat suivant : (exemple) pour
atteindre 60% de chance de voir son projet se terminer à date prévue, il faut
ajouter au planning une marge de 35% du délai total du projet.
ANALYSE PROBABILISTE & RÉALITÉ DE CONSTRUCTION
Analyse d’impact et modèles alternatifs
Si l’analyse de risques permet
de définir des probabilités de réussite et des marges à prévoir, elle offre
aussi une analyse sous un angle différent des données de planification. Là où
le bon sens et les méthodologies maîtrisées (CPM, PERT…) permettent d’intuiter
des zones d’attention, l’analyse de risque permettra, à travers la définition
des analyses de sensibilité ou des indices de criticité, d’anticiper les
problèmes sur d’autres axes de réalisation. Ce focus sur des activités
non-identifiées préalablement comme sensibles sera d’autant plus performant que
des analyses sur la réalité de la construction (par exemple : association
des modèles de conception 3D avec le planning) pourront alimenter les scénarios
d’acceptation ou de réduction des risques. Que des solutions alternatives
soient identifiées ou non, ce travail méthodologique permettra de sécuriser
l’ensemble de la planification et donc le degré de confiance (la probabilité)
dans l’atteinte des objectifs.
Allonger de 35% la durée d’un
projet pour avoir 60% de chance de déterminer à date prévue donne une
indication statistique importante. Néanmoins, la réalité de construction ne
permet pas d’appliquer de façon uniforme les 35% sur l’ensemble des tâches du
projet. Certaines disposent d’un délai fixe non modifiable (ni extensible ni
réductible) sauf à désorganiser la gestion du chantier et/ou à provoquer une
série d’interruption de travail.
Pour répartir les 35% au
mieux, il faut pouvoir visualiser les séquences de montage de ces scénarios
probabilistes.
Par le fait de relier les
éléments graphiques d’une maquette numérique (3D) aux tâches d’un planning, la
4D offre une représentation visuelle dynamique des séquences d’un planning.
Appliqué à des scénarios
probabilistes (issue de l’analyse des
risques simulation Monte Carlo) , la 4D permet de mesurer l’adéquation ou
la nécessité de réajustement des plannings par rapport à la réalité du terrain.
La 4D vérifie la cohérence des
choix probabilistes et conforte les prises de décisions.
Elle met en relief les
interfaces chantier à gérer issues des scénarios de construction et offre une
meilleure compréhension de la gestion des coactivités.
La 4D complète l’analyse des
risques car elle réconcilie une approche statistique et une réalité
d’expérience et de terrain en les faisant s’ajuster l’un à l’autre sans les
opposer nécessairement.
La Rédaction
[1]
Proposé par D. BREYSSE, H.NIANDOU, M. CHAPLAIN, F. JABBOUR P. - Université
Bordeaux 1, Ghymac – voir 1
[2] Voir
« Identification des risques pour les projets de construction : revue des
pratiques internationales et propositions ». D. BREYSSE, H.NIANDOU, M.
CHAPLAIN, F. JABBOUR P. - Université Bordeaux 1, Ghymac, Avenue des facultés,
33405 Talence cedex - Marseille, 24-28
août 2009
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